L’entrainement et la répétition des gestes et procédures de soins en médecine d’urgence est primordial pour se préparer aux situations rencontrées de manière aigue. La simulation en médecine d’urgence reste une pratique très dépendante du site sur lequel les professionnels travaillent car le matériel d’entrainement est parfois couteux et l’organisation ainsi que la fréquence des séances d’entrainement repose sur la disponibilité des encadrants. Certains gestes de médecine d’urgence tels que la ponction lombaire, la ponction pleurale, la ponction d’ascite, la ponction artérielle sont peu réalisés de manière simulée par les étudiants de médecine avant de devoir le réaliser sur un patient pour la première fois. A Paris, un étudiant de médecine se destinant à l’urgence, ne pourra avoir accès aux centres de simulation que 2 ou 3 fois fois dans sa formation sur les 8 années de cursus.
L’impression 3D est un outil idéal qui sur le plan matériel, peut permettre d’amener plus facilement la simulation au sein des hôpitaux qui n’ont pas la possibilité d’avoir accès à des mannequins couteux ni à une plateforme de simulation. La réalisation de modèles d’entrainement imprimés en 3D pourrait permettre de délocaliser et de personnaliser les outils de formations.
Depuis 2 ans nous réalisons à l’hôpital Saint-Louis des ateliers de simulation à l’aide de mannequins à très bas cout imprimés en 3d, permettant aux étudiants et aux médecins qui travaillent dans le service de se former et d’entretenir certaines procédures liées aux soins en médecine d’urgence.
Voici quelques modèles utilisés au cours d’un atelier :
– Modèles de ponctions intra osseuse : voie tibiale proximale
– Modèle de crico-thyroidotomie
Une urgentiste titulaire pratiquant une crico-thyroidotomie sur le modèle lors d’un atelier de formation/entrainement aux urgences de l’hôpital Saint-Louis.
– Modèle de ponction lombaire : format pédiatrique
D’autres idées peuvent aboutir à de réels outils pour améliorer le confort de certaines procédures comme le porte tube à essai rotatif permettant à celui qui le tient de ne pas bouger pendant le recueil du LCR lors d’une ponction lombaire.
– Porte tube à essai
Modèle animé et timelapse de l’impression des différentes parties du porte tube avant assemblage
D’autres sont des modèles imprimés en 3D couplés avec des capteurs contrôlés par des nano-ordinateurs (Arduino, Raspberry pi, …) programmés pour certaines tâches. Ce défibrillateur semi-automatique nous permet de simuler une procédure d’arrêt cardiaque.
– Défibrillateur semi-automatique d’entrainement
Mise en pratique lors d’un atelier de simulation à l’arrêt cardiaque avec des étudiants de 3ème et 4ème année de médecine aux urgences de Saint-Louis.
Les étapes à la réalisation des objets 3D est schématisée comme suit. La modélisation et l’impression 3D necessite une formation à part entière pour ceux qui souhaiteraient se lancer seul, son avantage certain est la fabrication à bas cout et la personnalisation des modèles qui fait de ce procédé un atout majeur pour les praticiens qui ont des besoins spécifiques. Toutefois de plus en plus d’entreprises proprosent leur service de modélisation et d’impression 3D en ligne, il suffira d’acheter ou de telecharger gratuitement un fichier STL trouvé dans les banques de fichiers 3D sur le net.
– Etapes de modélisation et d’impression 3D
Extrait d’une communication présentée au congrès Emc2
Voici les imprimantes qui ont permis de réaliser les différents modèles, elle sont facilement transportables et 2 d’entre elles sont des modèles d’entrée de gamme (Ender 3 et Artillery Sidewinder X2) et peu couteuses ( moins de 300 euros).
L’impression 3D en médecine d’urgence présente des applications très utiles surtout dans le domaine de la formation et de la pédagogie.
Elle pourrait permettre aux équipes de soignants de pouvoir bénéficier d’outils reproductibles en tout point du globe pour se former et entretenir le savoir-faire pour certaines procédures médicales d’urgence.