L'impression 3D au service de la médecine d'urgence

Nous avons testé la sonde ultra-portable sans fil (S2T-LR) d’eCHOGENIUS aux urgences de Saint-Louis. Il s’agit d’une sonde à 2 têtes : une tête convexe pour l’abdomen et le cœur, et une tête linéaire superficielle.

Tout d’abord nous avons été bluffés par sa maniabilité et sa simplicité d’utilisation ! Elle se connecte très vite sur votre smartphone par WIFI (connexion directe sans nécessité de réseau WIFI) et utilise une application dédiée pour voir et enregistrer les images ou boucles vidéos (WirelessKUS®).

Sa légèreté et sa petite taille font que vous l’avez toujours sur vous et la dégainez de façon systématique lors de votre examen clinique, un peu comme votre stéthoscope.

La qualité d’image est assez surprenante pour une sonde aussi petite, que ce soit en cardio, abdo ou en mode superficiel. La taille réduite de l’image sur un téléphone n’est pas gênante. Vous pouvez toujours utiliser une tablette pour avoir une image plus grande, mais vous perdrez en maniabilité. Si vous savez exactement ce que vous cherchez et à quelle question vous voulez répondre (le rein est-il dilaté, y-a-t-il un épanchement pleural, la veine poplitée est-elle compressible ?), alors la taille de l’écran de votre portable est tout à fait suffisante. La prochaine version de l’application permettra d’avoir une fenêtre échographique plus grande en mode portrait.

En termes de réglages et de fonctions c’est assez complet : profondeur et gain bien sûr, différents pré-réglages selon la tête utilisée (cardio, abdo, poumon, vasculaire…), mesures (longueur, surface, angle…) et différents modes (2D, TM, doppler couleur et même pulsé !).

Si les boutons de l’application sont un peu petits et parfois difficilement accessibles lorsque vous tenez votre téléphone dans la main, la nouvelle version de l’application devrait corriger cela et permettre de tout régler avec le pouce.

Énorme point positif : vous pouvez enregistrer vos images et boucles vidéos (en paramétrant un temps d’enregistrement plus ou moins long) et les transmettre très facilement via votre téléphone à un collègue si vous avez besoin d’un avis.

Évidemment, ce n’est pas un échographe mais c’est un parfait échostéthoscope. Ce concept d’échostéthoscopie nous a été enseigné par le Dr Pierre Bourrier, l’homme aux 300.000 échographies. L’idée est d’intégrer l’échographie à l’examen clinique dès le premier contact avec le patient, en obtenant des coupes standardisées qui permettent de répondre à des questions simples et précises : l’aorte est-elle dilatée ? y-a-t-il un épanchement péricardique ? la FEVG est-elle altérée ? y-a-t-il des lignes B pulmonaires ?… Ces coupes sont facilement accessibles après une formation courte et un peu d’entrainement. En tous cas les internes y arrivent parfaitement en fin de stage !

L’autre intérêt de ces appareils ultra-portables est d’avoir permis de démocratiser l’utilisation de l’échographie au sein du service. Contrairement à beaucoup de services d’urgence dotés d’une « vraie » machine d’échographie que seuls quelques médecins experts manipulent, chez nous à Saint-Louis, la grande majorité des médecins et des internes ont pris l’habitude d’utiliser une sonde ultraportable au quotidien et savent rechercher ces coupes standardisées.

Au-delà des urgences, ce type de sonde ultra-portable attire de plus en plus d’autres spécialistes (hématologues, internistes, médecins généralistes, rhumatologues, infectiologues…) qui demandent à se former, de même que les internes des étages lorsqu’ils font leurs gardes aux urgences. Aussi, l’acquisition de compétences en échographie peut, pour un externe, rendre notre spécialité très attractive !

Et les patients sont également bluffés lorsqu’ils vous voient sortir cette sonde élégante de votre poche et faire une échographie avec votre téléphone : « Whaou ! C’est incroyable docteur, vous voyez mes reins avec votre téléphone ?» Comme on dit chez les djeuns « ça claque ! »

Certains détracteurs (qui sont souvent peu familiers avec l’échographie) sont circonspects et voient l’utilisation de l’échographie par un urgentiste « non-radiologue » comme un risque médicolégal s’il se trompe et « passe à côté de quelque chose ». C’est vrai. Mais c’est exactement pareil avec d’autres outils comme l’ECG ou la biologie, qui peuvent faire de gros dégâts dans les mains de quelqu’un qui ne les maitrise pas. Il faut donc bien sûr se former (l’échographie fait partie intégrante de la formation des futurs urgentistes), s’entrainer (venez à Saint-Louis !) et, surtout, en connaitre les limites, en sachant ce que l’on peut chercher et où l’on doit s’arrêter. Et encore une fois, l’idée n’est pas de faire un examen échographique complet mais de répondre à une question simple et précise : par exemple, le patient a ou n’a pas de dilatation du VD. Et puis bien sûr vous avez le droit de ne pas savoir ou d’avoir un doute. Mais quel luxe de pouvoir faire un diagnostic de tamponnade, d’embolie pulmonaire d’insuffisance cardiaque ou de pyélonéphrite obstructive en moins d’une minute, avant même de sortir du box et d’avoir prescrit tel ou tel examen !

Nous sommes convaincus qu’un interne ou un médecin généraliste sans expérience préalable en échographie peut acquérir très vite des compétences simples avec une telle sonde. Si les objectifs sont simples, une formation courte est souvent suffisante. L’essentiel c’est de l’utiliser le plus possible et de sortir systématiquement la sonde en cas de douleur abdominale, de dyspnée, de douleur thoracique ou d’état de choc. Car plus on l’utilise, plus on progresse. Et cette utilisation intensive est rendue possible par son ultra-portabilité et son absence de réglages complexes, contrairement à une machine classique truffée de boutons.

Nous sommes également convaincus que son utilisation précoce permet d’aller plus vite pour établir le bon diagnostic, traiter plus rapidement les patients et anticiper au mieux leur orientation. Nous avons d’ailleurs soumis un projet d’étude au PHRC-I pour évaluer l’intérêt de mettre cette sonde ultra-portable dans la poche des internes, chez les patients dyspnéïques aux urgences (the « Pocket-US study »)

Voici quelques unes des images que nous avons obtenues avec la sonde

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