L'impression 3D au service de la médecine d'urgence

Certains patients sont très difficiles à perfuser (toxicomanie, insuffisance veineuse lymphatique, maladies chroniques…) et nous n’avons malheureusement pas toujours un cathéter veineux central de type chambre implantable à disposition, même à Saint-Louis.

L’habitude veut qu’après la séance d’acuponcture, on appelle le médecin à l’aide pour poser une voie jugulaire externe ou bien l’infirmière anesthésiste qui réussira, bien sûr, du premier coup. Ceci, en plus d’être un peu frustrant pour les infirmières, prolonge les délais d’attente pour un bilan ou un traitement souvent urgent. La solution : perfuser sous écho !

Il y a deux ans, les infirmières du service se sont formées à la perfusion sous échographie.

La première étape a consisté à réaliser des « fantômes home-made » (plutôt que d’acheter des trucs déjà tous faits dans le commerce qui sont très, très chers!). Pour cela, il fallait d’abord trouver une recette nous permettant d’obtenir un support gélatineux échogène pour y placer nos tubulures, le tout dans un Tupperware. Nous avons d’abord tenté la gélatine bio mais ce fut un échec total, le truc devenant une sorte de pâté gluant avec la chaleur.

Nous avons ensuite opté pour le gel balistique avec de la gélatine de porc, nettement moins bio mais beaucoup mieux ! Et un peu de cannelle pour l’odeur… Quelques essais pour avoir le bon dosage (5, 10, 20%) et obtenir l’échogénicité parfaite. Il suffit ensuite d’y mettre des tubulures de calibres différents et placées de façon plus ou moins profondes. Là encore, évitez les tubulures de perfusion qui sont impossible à percer avec un cathéter et préférez des tubulures plus souples en caoutchouc (de tailles différentes). Et boucher les trous avec de la cire pour que le gel ne coule pas partout. Puis hop quelques heures au frigo.

Il faut ensuite trouver les bons embouts pour y brancher une perfusion avec un peu de colorant pour voir le reflux dans le cathéter quand on est dedans. Et, le petit détail qui tue, un rotor à brancher sur la perf pour créer un flux qui se voit au doppler à l’écho ! Attention à bien purger vos tubulures car si elles sont pleines d’air vous ne les voyez plus à l’écho.

Nous avons ensuite organisé quelques sessions de formation avec les infirmières et infirmiers du service. Nous avons également invité l’équipe opérationnelle d’hygiène pour écrire la procédure (décontamination, gel stérile…).

Pour la théorie c’est assez simple : il faut juste s’entrainer pour avoir le coup de main. Ce qui est perturbant c’est qu’on perfuse en regardant un écran.

Il faut prendre la sonde superficielle haute fréquence (celle qui est rectiligne). Avant tout, on repère la veine : contrairement à l’artère, elle est facilement compressible avec la sonde.

Ensuite, deux façons de faire:

  • soit on place sa sonde de façon transversale par rapport au vaisseau (schémas a). On voit alors un petit rond. Quand on pique on verra toujours une partie de l’aiguille (petit point blanc), même si on pique à côté. Il suffit alors de corriger la direction.
  • soit on place sa sonde de façon longitudinale (b) dans l’axe du vaisseau. On voit alors toute l’aiguille mais à condition d’être dans le plan de coupe de l’image. On voit alors l’aguille arriver dans la veine. Plus difficile mais assez satisfaisant.

Source : https://www.hug.ch/ Dirisio, A. (2017). US‐guided peripheral and central access US anatomy and tecnique. Ultrasound Nursing Care B/AL1 Provider. II° Winfocus Swiss Congress, Echography and emergency

Et puis une fois que la technique est acquise sur les fantômes, on peut perfuser les patients sous écho, et ça marche !! Du coup, les infirmières ne nous appellent plus pour mettre des jugulaires et on peut aller se prendre un café.   

Et c’est même faisable avec un VSCAN ! Elle st pas belle la vie sous écho à Saint-Louis ?

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